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Pour l’édition 2020 d’Art Paris, la Loo & Lou Gallery offre un regard sur une scène française, fidèle à sa ligne artistique, avec quatre artistes ; Pierre-Édouard, Cédric Le Corf, Hélène Damville et Paul de Pignol. Si les matériaux et pratiques diffèrent, peintures, dessins, sculptures ou encore gravures, le dialogue de ces plasticiens de générations différentes, d’origine française ou résidant dans l’hexagone, s’articule autour d’une thématique commune, celle du paysage et d’une certaine fascination pour la transcription du vivant. Au coeur de cette exposition, le doyen de cette sélection, Pierre-Édouard, montre ses nouvelles toiles grands formats. Le corps de la femme, point de départ du travail de cet académicien, s’estompe dans les toiles, on devine sa présence, mais son travail de la forme en change les contours. Ainsi on y discerne un être en suspens, qui se rapproche peu à peu d’un mammifère, sûrement une baleine, pour reprendre les termes de l’artiste. Quant à la benjamine de l’exposition, Hélène Damville, elle embrasse également cette thématique du corps. Passionnée par la nature, ses nombreuses visites au Muséum d’Histoire de Paris ont une empreinte notable. Ses gravures sont aussi l’écho des cours d’anatomie qu’elle a suivi. Ainsi, les squelettes, qu’elle magnifie, en sont un élément pivot. Le choix de la gravure lui permet de traduire au plus proche les éléments charnières du vivant, appartenant tantôt à un un éléphant, tantôt à l’humain ou aux arbres, dans un corpus en noir et blanc. Cette sublimation singulière du squelette, résonne avec les sculptures faites de bois et de porcelaine de Cédric Le Corf. Membre de l'Académie de France à Madrid - La Casa Velazquez, Le Corf propose des paysages anatomiques, d’après les planches de Jacques Fabien Gautier d’Agoty. Dans la même veine que Pierre-Édouard, les corps se dissipent et laissent place à de nouvelles formes, en l'occurrence des paysages. L’os devient rocher, les veines deviennent rivières, et à l’inverse, s’incorporent dans les racines végétales des os et des vertèbres. Le mariage de ses deux matériaux est à la fois une opposition, le bois est brut quand la porcelaine est fragile, mais aussi un équilibre poétique entre éphémère et pérennité. Enfin, le langage de cire de Paul de Pignol, offre à ses oeuvres une dimension sculpturale, avec ses couches répétées. Le résultat donne à voir des campagnes déroutantes. Inspirés par la forêt de Fontainebleau, si proche de son atelier, ses nouvelles toiles et ses dessins répondent toujours à cette idée qui l'obsède ; celle que la vie puisse naître de la putréfaction. Dénués de figure humaine, ses paysages sont tout autant fertiles que bouillonnants. A l’heure de la question du déclin environnemental et de la dématérialisation, chacun des artistes s'ancrent dans une contemporanéité en apportant une vision, sublimée ou non, de ce qui nous entoure.
Alexia Lanta Maestrati, journaliste à L’Oeil et au Journal des Arts.